8h00 : le réveil sonne. Quel bonheur de profiter d’une heure de sommeil en plus ! Pas de bus : aujourd’hui, je voyage en charentaises ! Mais attention, j’enfile quand même un pantalon et une chemise, sans cravate. Comme si mes looks du dimanche et du lundi tentaient de se marier.
Les enfants sont déjà levés, j’entends la Pat’ Patrouille qui résonne dans le salon. Ils n’ont pas pris leur petit-déjeuner, alors hop, tournée générale de céréales et jus d’orange pour tous !
Ma femme se lève, elle aurait voulu dormir un peu plus, mais son service à l’hôpital commence dans deux heures.
Je me douche pendant qu’elle prend la suite du petit-déjeuner.
8h50 : j’allume l’ordinateur situé, par chance, dans un coin – plus ou moins – isolé de la maison, dans un renfoncement à gauche du salon. Pendant que l’unité centrale vrombit, je tends un emploi du temps fait main aux enfants. Ils savent exactement ce qu’ils doivent faire aujourd’hui et surtout, qu’entre 10h et 11h, papa a une visioconférence et qu’ils doivent éviter de se balader dans le salon en slip. C’est pas gagné, car j’ai beaucoup de mal à leur faire comprendre qu’ils doivent s’habiller. « Mais ça sert à rien de s’habiller, si on sort pas ». Logique implacable.
9h05 : l’ordinateur me regarde d’un œil vif. Oui, nous sommes au jour 37 du confinement et mon PC est devenu mon meilleur ami. Il a donc un regard. Tantôt bienveillant, tantôt inquisiteur, mais toujours vif et éclairé.
J’imprime les leçons et devoirs du jour pour les enfants. Pat’ Patrouille a repris sa route, j’éteins la télévision et je leur montre leur emploi du temps : jusqu’à 11h, c’est école en toute autonomie. Après sa visio, papa viendra les aider si besoin.
9h15 : Microsoft Teams me montre 3 notifications et me rappelle 5 tâches en attente, tandis qu’Outlook affiche 9 emails non lus, dont 3 spams. Hop, je m’y colle.
9h30 : ma femme vient me dire au revoir, me dit que les enfants travaillent sagement sur la table de la cuisine. Quelque chose me dit que ça ne va pas durer…
9h50 : une notification me rappelle la réunion qui commence dans 10 minutes. Je me sers un café, je vérifie dans le miroir qu’un épi ne me monte pas sur le crâne et que ma chemise est correctement boutonnée. Oups, pas vraiment. Je m’arrange, le PC sonne, la visio commence.
Les réunions pendant le confinement, c’est drôle. On découvre les Valérie Damidot de l’entreprise et ceux qui n’ont jamais ouvert un magazine de déco de leur vie. Je suis toujours surpris de voir que Jean-Claude travaille depuis un salon aux couleurs sobres et au style contemporain. Lui, l’adepte des chemises Desigual… J’imaginais sa maison aussi multicolore que ses tenues.
Tiens, Michel a un poster d’AC/DC derrière lui, je le voyais plutôt en fan de Christophe Maé à cause de son côté super écolo. C’est fantastique les préjugés !
Le chat de Julie est vraiment mignon, mais il n’arrête pas de coller son museau à la caméra, comme à chaque réunion. La curiosité des félins ne cessera de m’étonner.
Et qui est cette petite fille qui s’affiche en plein écran ? Zut, c’est MA fille ! Je coupe le micro. « Ma puce, s’il te plaît, retourne faire tes devoirs. Tu as fini ? Tu es sûre ? Alors, va jouer avec tes poupées. Non, tu ne remets pas Pat’ Patrouille. Peppa Pig non plus. Non, pas de Netflix dans la journée. Bon, va voir ton frère, il te dira ce que tu dois faire !! ».
Je vois Julie qui rigole. Facile de se marrer alors que son chat est tout aussi indiscipliné que mes enfants.
Jour 37 du confinement : c’est officiel, je n’ai plus aucun discernement ni recul sur les différences entre chat et enfant.
11h15 : la réunion est terminée. C’est l’heure des devoirs, puis de la cuisine. C’est la mode de faire son pain, mais je n’ai pas le temps. Hop ! Je laisse le grand de 11 ans avec la petite de 5 ans, direction la boulangerie. D’abord je dégaine le smartphone pour télécharger l’application de déplacement dérogatoire. Sur place, je prends une baguette et des éclairs au chocolat pour le goûter.
13h00 : tout le monde mange, discute et on se dit que maman nous manque, qu’on a hâte qu’elle puisse être en congé quand tout ça sera fini.
14h00 : activité ! Depuis 37 jours, nous avons accumulé des rouleaux de papier toilette vides, il est temps de les transformer en choses amusantes (et pas forcément utiles). Après quelques recherches sur internet, je trouve comment fabriquer un jeu de quilles avec. Marrant ! Ça occupera doublement les enfants, au moins pour l’après-midi.
15h00 : je dois reprendre le travail. J’installe mon PC portable près d’eux, sur la table de la cuisine, pour superviser le bricolage. Ils se débrouillent bien, je suis fière. Je consulte Outlook : 3 emails non lus. Je m’en occupe. Planner : encore 2 tâches à cocher aujourd’hui. Ah ! Jean-Paul vient de publier un gif amusant sur notre canal Teams dédié aux pauses. Je mets un smiley qui pleure de rire.
16h30 : tiens une alerte, je dois changer les mots de passe de mes outils. C’est la deuxième fois depuis le début du confinement, mais c’est normal. Question de sécurité, comme dirait notre patron, et il a sûrement raison. Depuis le début de la journée, j’ai déjà reçu au moins 4 emails frauduleux…
18h00 : les enfants trépignent. Lancer des boules de papier dans des rouleaux en carton aux couleurs fluos ne les amuse plus. Certes. Ils auront tenu 3h, pas mal ! J’essaie de les convaincre de lire, dessiner ou colorier. Non, ils réclament Pat. Au 37è jour, je n’ai plus la force de lutter, alors soit, que Pat reprenne sa Patrouille.
18h05 : je me rends compte que j’ai oublié de leur donner les éclairs au chocolat pour le goûter. Mais qu’ont-ils mangé du coup ? Je préfère ne pas savoir.
18h15 : je me remets devant le PC, réponds aux dernières notifications sur Teams et aux derniers emails d’Outlook. Je mets à jour Planner avec les tâches effectuées et celles qui devront démarrer demain. Quel plaisir de voir ces missions avec l’encoche verte « terminée » ! Oui, à force d’être enfermé, on s’accroche aux petits bonheurs simples de la vie…
19h00 : j’éteins tout. Ma femme n’est toujours pas rentrée. Encore une journée difficile pour elle, j’imagine. Je dis aux enfants qu’il faut aller à la douche. Ils rechignent, ils réclament maman. Je leur dis que s’ils prennent leur douche, on pourra faire une quiche ensemble et même un crumble pomme-framboise, le préféré de maman. Hop ! Ils disparaissent dans la salle de bain.
20h00 : la quiche est presque cuite quand ma femme rentre, fatiguée.
20h30 : les enfants sont au lit. On a enfin Netflix pour nous. La Casa de Papel démarre, on tient deux épisodes.
22h30 : extinction des feux. Demain est une autre journée…ou pas.