Cybersécurité : pourquoi la France est devenue une cible privilégiée des hackers ?
Un lundi matin ordinaire. Dans les bureaux encore calmes d’une PME industrielle, un technicien allume son ordinateur et là une fenêtre inhabituelle s’affiche : « Vos fichiers sont chiffrés. Payez pour les récupérer ». Le serveur est paralysé, les équipes sont figées et les données sont bloquées.
Cette scène, dramatique mais banale, n’étonne plus car depuis quelques années, la France se retrouve dans le viseur constant des cybercriminels.
Une hausse continue des cyberattaques en France
Depuis 2022, les signaux d’alerte s’accumulent. Selon l’ANSSI, 4 386 événements de sécurité ont été recensés en 2024, soit une hausse de 15 % en un an. Parmi eux, 1 361 incidents avérés et 144 compromissions par ransomware, ces dernières étant les plus visibles, car elles paralysent brutalement l’activité.
Mais derrière ce bruit médiatique, une menace plus silencieuse gagne du terrain : le vol de données via malware ou intrusion discrète. D’une part, les attaques passent sous les radars et d’autre part, elles exposent durablement l’entreprise à des campagnes de phishing, de fraude ou de chantage sur le long terme.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le secteur de la santé concentre à lui seul plus de 250 attaques en un an et les collectivités enregistrent en moyenne 18 intrusions par mois.
Derrière ces chiffres, une conséquence directe : 61 % des entreprises victimes déclarent des conséquences opérationnelles majeures telles que des interruptions de service ou d’importantes pertes financières.
En cause ? Des équipes peu sensibilisées aux risques, des accès trop ouverts ou encore des pratiques non encadrées, comme le shadow IT (usage d’outils numériques non validés par la DSI). Ces vulnérabilités humaines et organisationnelles pèsent bien plus que la puissance des infrastructures elles-mêmes.
Pourquoi la France devient-elle un terrain d’attaque informatique ?
Trois facteurs structurants l’expliquent :
1. Une numérisation accélérée et mal encadrée
Depuis la pandémie du Covid-19, la digitalisation s’est étendue à marche forcée, sans toujours accompagner les PME d’un cadre de sécurité. L’usage croissant de services cloud, de postes en télétravail et d’outils collaboratifs ont multiplié les portes d’entrée démunie de solide serrure.
Un rapport international publié par HP Inc. tire la sonnette d’alarme : 70 % des salariés utilisent leur ordinateur professionnel à des fins personnelles, alors que 69 % réalisent des tâches professionnelles sur un matériel privé, souvent non protégé. Pire encore, près d’un tiers des télétravailleurs interrogés admettent avoir laissé un membre de leur famille ou un ami accéder à leur poste de travail professionnel.
Le cabinet d’analyse KuppingerCole y voit l’un des moteurs de la hausse de 238 % des cyberattaques mondiales depuis le début de la pandémie.
2. Une exposition géopolitique forte
La France, par son soutien à l’Ukraine et ses positions diplomatiques, a vu ses institutions et collectivités ciblées par le collectif hacktiviste pro-russe NoName067(16), à travers des attaques DDoS et des campagnes de désinformation.
Par ailleurs, la guerre entre Israël et le Hamas a déclenché une vague inédite de cyberattaques à l’échelle mondiale. Le Jerusalem Post parle d’un bon spectaculaire de 700 % des actes informatiques malveillants en 48 heures.
À ce jour, la France n’a pas encore recensé d’attaque directement rattachée à ce conflit. Mais les risques de propagation existent. Mieux vaut s’y préparer !
3. Une faible culture de la cybersécurité
Dans de nombreuses PME, la cybersécurité se heurte à une culture du “ça fonctionne, on ne touche à rien”. Cette inertie freine l’application des politiques de mise à jour, par peur de perturber l’existant ou de “casser quelque chose”.
Résultat : les correctifs critiques restent non appliqués, parfois pendant des mois.
Autre point noir : la gestion des mots de passe. Beaucoup circulent encore dans des fichiers Excel partagés, sans règles de complexité ni renouvellement régulier. En 2024, le mot de passe “123456” reste tristement en tête des plus utilisés dans le monde, preuve d’un manque de vigilance persistant.
Enfin, les salariés sont rarement formés à reconnaître une tentative de phishing, à utiliser un Wi-Fi public ou à adopter les bons réflexes en télétravail. Sans montée en compétence collective, les outils seuls ne suffisent plus à contenir la menace.
Une analyse concrète des problèmes de cybersécurité en France
Derrière chaque attaque, il existe un scénario avec une faille. Analyse des grandes cyberattaques de ces derniers mois, des leçons à retenir et des protections à renforcer.
France Travail – Février 2024 : l’erreur humaine comme point d’entrée
43 millions de comptes ont été compromis après l’exploitation d’une faille dans les accès de conseillers. Contrairement aux rumeurs initiales, l’attaque n’a pas reposé sur un vol de mot de passe, mais sur une faille non corrigée.
Les attaquants ont pu extraire des données sensibles telles que les numéros de Sécurité sociale, adresses mail, identifiants…
Ce qu’on apprend : les procédures de validation des droits et les alertes internes n’étaient pas à la hauteur. Un conseiller qui modifie 300 profils en deux heures ? Aucune alerte. Une IP russe sur un poste censé être géolocalisé en France ? Toujours rien.
💡 Le conseil Alticap : la supervision ne se limite pas à une alerte antivirus. Elle passe par une surveillance temps réel, des scénarios de détection personnalisés, et surtout, une réponse automatisée. C’est exactement ce que propose Huntress EDR, en combinant IA et SOC humain.
Chronopost – Janvier 2025 : le prestataire trop silencieux
Un tiers des systèmes IT de Chronopost ont été exposés via une faille chez un prestataire. Résultat : plus de 210 000 clients voient leurs données accessibles (adresses, signatures électroniques, numéros de téléphone…) par n’importe qui. Les pirates n’ont rien eu à forcer : l’authentification simple, sans MFA, a suffi.
Ce qu’on apprend : la chaîne d’approvisionnement numérique concentre aujourd’hui le plus fort potentiel de rupture. Même si votre propre système est sécurisé, le moindre maillon faible côté prestataire peut suffire à tout compromettre.
💡 Le conseil Alticap : dans vos diagnostics, intégrez une évaluation des prestataires et sous-traitants afin d’anticiper ce genre d’accident. D’ailleurs, c’est une exigence du RGPD et de la directive NIS 2.
Conforama – Février 2025 : la data comme angle mort
Plus de 9,4 millions de fiches clients ont été exfiltrées durant cette attaque informatique. Les pirates ont récupéré les coordonnées, historiques d’achats et données personnelles, qu’ils ont ensuite utilisés pour lancer des vagues de phishing ciblé.
Ce qu’on apprend : bien que Conforama dispose d’une base client numérique structurée pour ses opérations marketing, les données n’étaient ni cloisonnées ni suffisamment protégées. Aucune alerte n’a détecté l’accès frauduleux. Les attaquants ont ainsi pu exploiter les données pour usurper l’identité de la marque et lancer des campagnes de phishing à grande échelle.
💡 Le conseil Alticap : une plateforme EDR comme Huntress peut identifier ces comportements anormaux (export massif, connexion inhabituelle, création d’un compte admin sans trace…) dès les premières minutes. Ce n’est pas un pare-feu qui vous sauve, mais une analyse comportementale combinée à une supervision 24/7.
Centre hospitalier Stell – Mars 2025 : ransomware, encore et toujours
L’intégralité des services numériques de cet hôpital des Hauts-de-Seine a été paralysée. Retour au papier, fichiers médicaux inaccessibles, agenda opératoire effacé… En plus de la rançon, les attaquants ont menacé de diffuser les données santé. L’établissement n’a pas cédé, mais a perdu plus de deux semaines d’activité normale.
Ce qu’on apprend : dans le cas du centre hospitalier Stell, les attaquants ont neutralisé les systèmes sans rencontrer de résistance technique. Résultat : les données n’étaient pas simplement inaccessibles, elles étaient prises en otage.
💡 Le conseil Alticap : anticiper reste votre meilleur atout. Notre approche repose sur la combinaison d’un EDR managé comme Huntress, d’une sauvegarde cloud externalisée et isolée et d’un plan de confinement clair pour isoler, contenir et restaurer vos fichiers et applications, sans délai.
Comment renforcer votre cybersécurité sans exploser votre budget ?
Même sans DSI, des leviers simples et efficaces existent pour renforcer la sécurité de votre système d’information.
Déployer un EDR managé : viser l’après-antivirus
Les antivirus traditionnels détectent les malwares déjà connus à partir de signatures. Mais ils n’analysent pas les comportements suspects en temps réel. À l’inverse, un EDR (Endpoint Detection & Response) managé détecte les actions anormales, comme une élévation de privilèges inhabituelle ou une exécution de script non autorisée, même si le programme malveillant est inconnu.
Ce dispositif tactique hybride allie machine learning, SOC humain 24/7 et scripts de remédiation automatique. Résultat ? Un fichier suspect n’a pas le temps de s’exécuter, même à 3 h du matin, un 25 décembre.
Eduquer sur les problèmes de cybersécurité en France
Le « clic de trop » ne vient pas d’un collaborateur mal intentionné. Il vient d’un professionnel peu formé, isolé face à un email piégé ou un faux lien Microsoft. Pour anticiper les futures brèches, il est indispensable d’intégrer la cybersécurité dans les routines RH, au même titre que les procédures internes : onboarding, offboarding, mobilité, nouveaux outils…
👉 Le conseil Alticap : prévoyez un format bref, mais immersif. Par exemple, des sessions de 20 à 30 minutes, tous les trimestres, orientées cas concrets : faux fournisseurs, piratage de boîte mail client, arnaque au président…
Repenser l’accès distant comme un corridor sécurisé
Un utilisateur se connecte, tout semble normal… sauf qu’il ne s’agit plus de lui. Les pirates exploitent des identifiants valides à cause d’un correctif de sécurité manquant, d’un VPN trop permissif ou de l’absence de journalisation.
La stratégie Alticap repose sur une logique d’élévation temporaire des privilèges : un compte sensible s’active pour une tâche précise, puis s’éteint, tandis que l’accès VPN se limite strictement au périmètre nécessaire. Sans oublier d’ajouter une authentification multi-facteur non contournable pour construire un bouclier inaltérable.
Sauvegarder, oui, mais pour restaurer en temps réel
Dans la majorité des ransomwares, d’une part les cybercriminels chiffrent les fichiers actifs et, d’autres part, ils cherchent à neutraliser les sauvegardes. Si ces dernières sont stockées sur le même réseau que vos serveurs, elles risquent d’être bloquées également.
Chez Alticap, nous structurons la sauvegarde dans une logique de continuité opérationnelle éprouvée :
- les données sont externalisées pour ne pas être affectées en cas d’attaque locale,
- elles sont isolées du réseau principal,
- chaque sauvegarde fait l’objet de tests réguliers de restauration,
- des alertes automatiques préviennent en cas d’échec ou de sauvegarde.
Face à l’intensification des attaques et à l’exigence croissante des régulateurs (explorée dans notre article sur la directive NIS 2), la cybersécurité ne peut plus se limiter à quelques outils ou à une veille passive. Structurer une défense adaptée à votre PME, c’est investir dans votre continuité opérationnelle et dans la confiance que vos clients vous accordent.